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« Dès les années 1960, Danielle Collobert expérimentait ce que la langue française n’avait jamais tenté et dont elle recelait la ressource pourtant comme un secret. […] Nous voici au bord du dernier langage, qui est le même et entièrement autre, raréfié, comme devenu poème flagrant de survie pour davantage mourir. »  
                                                                                            

Jean-Pierre Faye

 

 

 


Véritable cosmologie de la douleur, Dire II raconte l’impossibilité de raconter. Plus de syntaxe, la phrase disparaît au fil des pages, le souffle se fait plus de plus en plus court. Chaque mot pèse, prend consistance dans la douleur et la souffrance. Et le livre avance avec une raréfaction de plus en plus manifeste de la parole. Les mots disparaissent en même temps que la chair, ne sont plus que débris, restes d’une mutilation, quasiment immobiles sur l’océan grandissant de silence de la page. La langue, encore. Chaque mot est un petit espace de vie gagné sur la mort et l’absence, avant l’inexorable dissolution.
 


Le rythme de Dire II, sa puissance vibratoire, l’évocation des sons et du silence, la tension permanente mènent à l’élaboration d’un univers sonore singulier et sensible auquel Elisabeth Bartin et Michel Doneda donnent corps. Fulgurance du ressenti, acuité à l’instant présent sont à la source de l’écriture de Collobert. Ils sont les fondamentaux de leur travail. La voix et le saxophone se lient à ce souffle intime qu’habitent les mots précis de Danielle Collobert.

 


La voix chantée n’est jamais un commentaire du texte : elle ouvre à la part invisible de l’œuvre et apporte, tout au long du récital, relief, respiration au texte et à sa perception.

La musique est parfois translucide, à d’autres moments elle révèle la tension de ce cri silencieux, étouffé, présent dans Dire II.

L’alchimie entre la voix parlée, la voix chantée et l’instrument donne à l’oeuvre des perspectives toujours réinventées.

Née à Rostrenen en 1940, Danielle Collobert elle est surnommée “le diamant noir” de la poésie française contemporaine.


Sa mère, institutrice étant nommée dans un village voisin, elle vit chez ses grands-parents. En 1942, son père part en zone libre et s’engage dans l’Armée secrète. Elle ne le reverra qu’à la Libération.


En 1945, sa famille part pour Paris. Son père entre au ministère de l’Air. Sa mère est institutrice à Belleville.


À l’âge de 16 ans, elle rédige les premières pages de son Cahier. En 1961, elle renonce à l’École Normale où elle vient d’être reçue, et commence Meurtre, que Raymond Queneau défend en 1964 auprès des éditions Gallimard. Entre-temps, ses activités politiques en faveur du FLN la contraignent à trouver refuge en Italie. Après avoir rencontré Samuel Beckett, elle publie chez Denoël Des nuits sur les hauteurs, accompagné d’une préface d’Italo Calvino.


Elle réalise alors de nombreux voyages, avec un appétit pour l’ailleurs qui est l’autre nom du désir de la fuite (elle va jusqu’à vendre son appartement pour financer ses évasions) : Tunisie, Indonésie, Amérique du Sud, États-Unis, Égypte, Crète, Grèce. Elle se trouve également en Tchécoslovaquie au moment où les chars soviétiques envahissent le pays.


Après un ultime séjour à New York au cours de l’été 1978, Danielle Collobert rentre en France et se donne la mort le jour de son 38e anniversaire dans un hôtel de la rue Dauphine
à Paris.

Dire II
textes de Danielle Collobert

avec Michel Doneda (saxophone soprano) et Elisabeth Bartin (voix)

 

 

Dossier complet en pdf

Arriver là -
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Dire -
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Fin de la voix -
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La seule chose -
00:0000:00
Dire 2 -
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Parler -
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Instrumental -
00:0000:00
Disparaître -
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audios

(extraits)

photo : Guy Demonteil

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